L'humour et son sens
Humilité et sens de l'humour sont parfaitement accordés, tellement accordés qu'ils sont indissociables. Quand le sens de l'humour disparaît, c'est que l'humilité manque. Mais quel est ce sens qui se propose comme un sixième, en plus du goût, de l'ouîe, etc. A moins qu'il ne s'agisse d'une direction? Le sens de l'humour, tel que sans lui les autres n'en sont pas: mot d'esprit, comique, absurde, humour noir, burelesque, loufoque, aucun humour n'a de sens s'il n'est accompagné de la possibilité de l'auto-dérision. Et l'auto-dérision n'est vraiment possible que grace à l'humilité. Ne confondons pas humilité et auto-dérision avec auto-flagellation qui, elle, relève plutôt d'un processus conscient lié à la plainte sous-tendu par un autre processus, inconscient cette fois, de fantasme de toute-puissance. Comme l'a magnifiquement développé Hubert Reeves dans son ouvrage du même nom, nous sommes des "Poussières d'étoiles". Cela signifie au moins deux choses: premièrement nous sommes poussière - nous l'étions et nous le serons de nouveau, nous dit la Genèse dans la Bible (Gn 3.19) - et deuxièmement nous venons des étoiles, de l'univers, nous sommes le Grand Tout. Mais pas tout seul. Chaque herbe, chaque plante, chaque arbre, chaque fleur de mon jardin est mon jardin. Mais un brin d'herbe, à lui tout seul ne saurait faire un jardin. L'humour n'est un sens que s'il est accompagné d'humilité, faute de quoi il devient ironie, sarcasme, cynisme, projection de la frustration sur autrui. Oui, nous venons du ciel, des étoiles, de l'univers infini - toujours d'après la genèse, "à la ressemblance de Dieu" - tout en même temps que nous sommes une simple herbe du jardin.La phrase d'aujourd'hui
Jeudi 5 mars 2020
"Ne parle pas de toi-même sans t'accorder la possibilité de changer"
Alejandro Jodorowsky
La phrase d'aujourd'hui
Vendredi 28 Février 2020
"Rien n'est plus sot que de traiter avec sérieux des choses frivoles. Mais rien n'est plus spirituel que de faire servir les frivolités à des choses sérieuses."
Erasme
Ne pas être parfait
Nous n'avons pas à être parfaits, ni en tant qu'individu, ni enfant, ni parent. Nous n'avons pas à être parfaits, ni dans la vie familiale, ni amoureuse, ni professionnelle. Nous n'avons pas à être parfaits, ni au quotidien, ni dans l'absolu. Nous avons à être, au plus près de ce que nous sommes. Il s'agit peut être là de la seule perfection possible, encore que celle ci ne se mesure pas en quantité de qualité, c'est à dire en une longue suite d'adjectifs qualificatifs considérés positifs, mais plutôt en distance qui nous sépare de notre moi profond, ou pour le dire en terme Jungien, de notre Soi. Plus la distance est grande, plus la perfection est éloignée. Mais attention, pas d'injonction ici, pas d'obligation, pas de chantage. Pas de verbe devoir. Si la notion de devoir y a pourtant toute sa place, elle s'inscrit dans une démarche pleinement personnelle et assumée. Car tout peut y avoir sa place, mais certainement pas de la même façon pour tout le monde. Et pas tout pour tout le monde. Notre potentiel personnel est suffisant, inutile de vouloir l'affubler de qualificatifs ou de capacités supplémentaires. Partons plutôt à sa rencontre, pour vivre ce que nous sommes, ou plus exactement ce que nous avons à être. Car si au moment de notre conception tout est déjà présent dans ce Soi, il est très vite galvaudé par l'héritage transgénérationnel. Pour autant, pas d'inquiétude, tel est peut être le sens de notre existence : nous défaire peu à peu pour nous trouver, et accepter l'intervalle qu'il y a entre ce que nous pouvons au fil du temps percevoir de notre être et ce que nous sommes bien forcés de constater que nous sommes encore. Et surtout n'ajoutons pas d'impératif aux impératifs : Si nous estimons le chemin encore long, ne cherchons pas à forcer le pas, autorisons nous un rythme propre parce que ce chemin là, si tout le monde peut l'emprunter, personne ne peut le faire pour personne parce qu'il y en a un différent pour chacun.